Tribune : Favoriser le stockage de l’eau… dans les sols !

Niort, le 17 mars 2025

 TRIBUNE Favoriser le stockage de l’eau… dans les sols ! 

Dans une interview accordée à La Nouvelle République ce mercredi 5 mars, la présidente du Département des Deux-Sèvres semble accréditer l’idée qu’un élu écologiste, vice-président du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, Yann Soulabaille, cautionnerait la construction des bassines. Au motif qu’il a co-dirigé avec elle une mission d’information dans le cadre de l’association d’élu-es « Départements de France ». L’article titre même : « Unanimité pour stocker l’eau » ! 

La lecture du rapport concluant cette mission transpartisane n’indique pourtant pas un changement de position des élu·es écologistes sur la question de la gestion de l’eau. Il est en revanche écrit noir sur blanc, à la page 18 du rapport, que la démarche de la mission n’est pas de « se positionner spécifiquement sur le cas précis de certaines réserves de substitution, chacun étant libre d’en apprécier le bien-fondé ». Ceci pour acter justement les désaccords sur certaines formes de stockage artificiels, dont tous les protagonistes de la mission étaient bien sûr conscients. Le rapport ne promeut pas explicitement les réserves de substitution. Il met plutôt en avant un panel de réflexions et de propositions sur la gouvernance, le financement et la connaissance des outils de stockage, dont les solutions fondées sur la nature. 

De plus, contrairement à ce qui est dit dans cet article, ce rapport n’a pas fait l’objet d’un vote. Il serait totalement inexact d’affirmer que les conclusions qu’en tire Coralie Dénoues recueillent « l’unanimité ». 

Quitte à décevoir les élu·es de droite - qui semblent coordonner actuellement de véritables opérations de lobbying pro-irrigants tant au niveau national que local -, nous affirmons que la gestion de l’eau est un sujet trop sérieux pour être instrumentalisé à des fins politiciennes ou pour soutenir un modèle agricole dépassé. 

Cette vision passéiste nous conduit droit dans le mur. S’il n’existe effectivement pas d’agriculture sans eau, il existe une agriculture sans irrigation. C’est même la majorité de l’agriculture en France : plus de 90% de la surface agricole utile française n’est pas irriguée. Prétendre que seule la construction de réserves de substitution pourra sauver l’agriculture française, ou à tout le moins picto-charentaise, est un mensonge à plusieurs titres. La majeure partie de l’agriculture picto-charentaise se fait également sans irrigation. Et si les bassines sont réalisées telles qu’elles sont actuellement prévues, une bonne partie des irrigants de notre région le paiera au prix fort, sans pour autant avoir accès à l’eau. Nos territoires n’en tireront pas de bénéfice en termes de souveraineté alimentaire car ces réserves de substitution ne développeront pas une agriculture vivrière. Elles seront réalisées au bénéfice d’une agriculture industrielle, exportatrice, soi-disant en transition, dont le principal objectif est de maintenir un niveau de productivité très élevé au détriment de l’environnement, de la santé des Picto-Charentais·es et même très souvent des agriculteurs et agricultrices qui la pratiquent.

Alors oui, il faut favoriser le stockage de l’eau… dans les sols et les nappes souterraines !

Les décennies de destruction de nos paysages bocagers, des haies, des arbres et de nos zones humides, de rectification de nos cours d’eau, d’industrialisation à outrance de notre agriculture, ont eu raison de la capacité de nos sols et nos sous-sols à retenir l’eau. Les sols, autrefois grouillant de vie, sont très dégradés. Nous invitons donc nos collègues de droite à consulter la littérature scientifique récente relative à l’agronomie. Elle fourmille d’explications pour la mise en œuvre d’une agriculture durable et suffisamment productive pour nourrir la France. Nul doute qu’après ces lectures ils et elles rejoindront notre combat pour le vivant, pour une agriculture d’avenir et pour nos territoires.

Signataires :

Marine Tondelier – secrétaire nationale des Écologistes

Lisa Belluco – députée de la Vienne 

Benoît Biteau – député de Charente-Maritime 

Les Écologistes de Poitou-Charentes

Baude Vital Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Bedu Anne-Laure Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Blanco J-François Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Bourdin Katia Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Bussière Sophie Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Chopin Sylvain Conseiller municipal de Saint-Médard-d'Aunis
Combres Maryse Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Coupeau Didier Conseiller municipal
Coutant Françoise Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Damestoy Didier Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Dewaele Amandine Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Diallo Karfa Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Forgeneuf Marilyne Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Gamache Nicolas Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Gibert François Élu municipal et communautaire NIORT
Graval Christine Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Léonard Virginie Conseillère municipale de Coulon
Léonet Frédéric Maire
Mariaud Jean Conseiller municipal de Rochefort
Mariel Océane Conseillère de l'agglomération de La Rochelle
Martin Raymond Maire
Moncond’huy Léonore Maire de Poitiers
Morin Pierre Conseiller municipal et communautaire
Motoman Laurence Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Nocquet Chantal Élue municipale et communautaire
Pagès Jean-Louis Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Perreau Thierry Conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine
Pragout Marie Vice-présidente du département de la Charente
Rinchet-Girollet Franck Conseiller municipal
Sarrazin Émilie Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Seguinau Christine Conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
Soubeste Jean-Marc Conseiller départemental de Charente-Maritime
Tournon Thierry Co-secrétaire Groupelocal Aunis-Ré-La Rochelle
Trifiletti Stéphane Conseiller régional de Nouvelle Aquitaine
Vouhé Grégory Conseiller départemental de la Vienne